Croix avec Christ

Par Jacques Latour Dernière modification 2022-05-02T08:39:32+02:00
Cette sculpture se détaille en trois épaisseurs placées l’une sur l’autre.

Localisation : Rue Grande, 45. Godinne

Bien et PPPW

Croix

Namur
Yvoir

Cette sculpture se détaille en trois épaisseurs placées l’une sur l’autre. Épaisseur 1. Elle est la plus importante et est scellée dans la façade1. Elle façonnée dans un bloc calcaire en forme de croix (47x27 cm & 13 cm de largeur pour la branche horizontale). Sa surface est bouchardée et ses contours arrondis sont biseautés. Épaisseur 2. Se profilant sur cette surface, une croix. Épaisseur 3. Se détachant sur cette croix, un Christ a été sculpté en bas-relief. Le torse et les jambes qui n’ont pas été trop abimés par les intempéries, expriment une technique rudimentaire mais très expressive et réaliste avec les côtes saillantes, avec les plis du linge ceignant ses hanches. Le sculpteur a choisi de représenter un Christ dans la souffrance. Seul le contour du visage reste apparent, tous les traits ont disparu mais il se pourrait qu’Il soit barbu. On devine également la forme des bras écartés latéralement avec des mains qui sont des paluches de carrier, assez disproportionnées comme les pieds également.
Presqu’invisible, avec un léger relief, la croix en calcaire est maçonnée et intégrée dans le mur de façade construit en moellons où grès ferrugineux et calcaire sont présents, en ordre dispersé. Elle ne se trouve pas au-dessus d’une ouverture du bâtiment.
oui
non

Moyen
Si la croix de fond est en état correct, la sculpture a subi les agressions des intempéries et l’usure du temps qui passe mais surtout l’agression du sablage de la façade en 1979.

Liens avec le folklore/rites/fêtes religieuses : C’est un souhait personnel du propriétaire de placer son habitation sous la protection du Christ. Cela s’inscrit dans les traditions populaires de notre civilisation judéo-chétienne. Date de construction : La croix a été scellée fin XIXe ou tout début XXe s. par Marcel Pirquin2, Historique :  On connaît précisément la généalogie de Marcel Pirquin3 grâce aux archives de l’État civil de Godinne. Né de parents godinnois (Ferdinand et Joséphine Trigaux), il est né le 31 octobre 1869. À vingt-quatre ans, le 4 septembre 1893, l’ouvrier carrier épouse Odile Chapelle, une couturière. Ils occupent leur maison de la rue Grande pour laquelle l’ouvrier carrier devient, le temps d’une croix, un sculpteur local. Il décède le 31 janvier 1934, sans profession, à l’âge de 64 ans. Leur fille Marie, née le 2 mars 1896, aura comme époux un employé du chemin de fer, Auguste Dautremont, Et Fernande Dautremont, la petite-fille de Marcel Pirquin, occupera cette maison jusqu’en 1979. Elle sera ensuite achetée par le couple Pousset-Sohy.  Le bâtiment a connu de nombreuses phases de transformations et son emplacement bâti pourrait déjà remonter au XVIIIe s. Sa présence sur la carte Ferraris pourrait en effet être plausible. Son alignement en retrait du fleuve et de la chaussée, son appareillage en moellons, de grès et calcaire, son insertion dans un groupe de constructions pourraient le situer à cette époque ou quelques années plus tard ; en 1805, on peut retrouver le groupe des constructions alignées le long du fleuve. La situation de la croix, perdue dans la façade, pose problème. Habituellement, on retrouve ce signe religieux au-dessus d’une entrée ! D’après Henry Choulet, né et décédé à Godinne (1906/1989), « la maison présentait autrefois deux portes en façade, pour une seule actuellement. Celle qui subsiste s’ouvrait sur une étable, avec son fenil par-dessus. La porte disparue s’ouvrait sur le logis avec la croix au-dessus4 ». Pour confirmer ce témoignage, il suffira de suivre les pointillés bleus sur la photo P06 pour y distinguer le contour d’une porte ancienne. De plus, d’une visite à l’intérieur de l’habitation, on apprend qu’un mur intérieur, séparant le logis de la pièce où se situait le fournil il y a peu, a été abattu5. Il y avait donc auparavant deux pièces avec deux entrées. La croix devient un jalon dans la connaissance de l’évolution et des transformations connues par cette très ancienne fermette mosane.

Références : 1 - Jacques Latour in Godinne, Un passé pas si lointain, S.I.G., 1995, p. 65. 2 - Jacques Latour in Guide de la Journée du Patrimoine à Godinne, S.I.G, 1990. 3 – Archives de l’État civil de Godinne. 4 – Id. 2. 5 – Témoignage de Monsieur Pousset (février 2020)
Aucun fichier
Croix avec Christ
Catégorisation
Godinne
50.35092935 ; 4.876424643831593